Bienvenue Henriette Kress !
C’est un honneur de t’accueillir. Ton article sur les huiles infusées qui tournent mal fût un de ceux avec le plus de succès l’année dernière.
Ton site internet the Herbal Homepage est un trésor de ressources pour quiconque est à la recherche d’information ou de références, que ce soit sur la littérature éclectique américaine ou tes propres ouvrages dont le titre est explicite : Les Herbes en Pratique 1 et 2.
Tu vis à Helsinki en Finlande, tu as étudié à la South West School Of botanical Medicine de Michael Moore, et actuellement tu enseigne, fais des conférences, prends de superbes photos et écris des articles.
« Et je consulte des clients bien sur »
Bien sur! Allons donc un peu plus loin :
-Ma première question serait sur l’histoire et la trajectoire: où nous en sommes est souvent le résultat d’une décision prise il y a longtemps. Peux-tu nous dire quelle a été l’étincelle qui t’a fait choisir le chemin de l’herbalisme et ce qui a ensuite entretenu les braises de la passion ?
Lorsque j’étais toute petite, ma grand-mère venait nous voir quelques semaines par an, et nous allions la voir quelques semaines par an.
Elle avait pour habitude de nous emmener pour de grandes ballades pendant lesquelles elle nous désignait les plantes. On les ramassait parfois : Si nous rencontrions une jolie prairie pleine de primevères où de millepertuis ou autre en fleur, nous allions tous en cueillir. Je ne pense pas avoir jamais avoir eu besoin d’entretenir les braises. Les herbes ont été ma passion toute ma vie, sauf pendant quelques années quand les garçons étaient plus important.
Un petit ami a essayé de me démontrer la valeur que pouvait avoir l’internet en 1992 ou 1993. Ça ne m’intéressait pas jusqu’à ce qu’il me fasse remarquer qu’il y avait aussi des herbes.
Usenet, alt.folklore.herb ? Wow, je suis partante !
Puis, dès que je l’ai pu, j’ai suivi l’enseignement de Michael Moore.
Je suis herbaliste à plein temps depuis.
-As-tu déjà pensé que l’herbalisme pouvait être une vocation ? Que c’est quelque chose qui répond à un profond besoin de la société d’avoir quelqu’un qui puisse être l’interface avec la santé au naturel ?
L’herbalisme est ma vocation. C’est ce que je fais, c’est qui je suis, et c’est ce pour quoi je continue d’enseigner.
Et bien sûr, les gens en général ont besoin d’être plus connectés à la nature, mais vous ne pouvez pas les y forcer.
Ils y viendront plutôt quand ils le voudront, où quand ils en auront besoin
-Quelle fut ton plus gros obstacle pour devenir un herbaliste?
Il n’y avait juste _pas_ d’école de plantes en Finlande fin des années 1980 début 1990. Ou plutôt si, il y en avait une et j’ai dailleur été à leur semaine de présentation, mais du fait que je connaissais les plantes depuis l’âge de mes 5 ans, je n’arrêtais pas de penser « enseignez moi quelque chose de nouveau ! ».
Ce qu’ils n’ont pas fait, j’ai donc été passer un Master en Sciences Economiques à la place.
Jusqu’à l’émergence de l’internet, où j’ai pu voir les écoles herbalistes en Grande Bretagne (très chères) et aux Etats Unis (plus ou moins abordables).
-L’herbalisme est quelque chose qui infuse profondément l’individu. As-tu déjà rencontré des problèmes pour trouver un équilibre dans ta vie au quotidien, dans ton environnement ?
Lorsque j’ai commencé en tant qu’herbaliste à plein temps, j’avais des commentaire me disant que les herbes étaient une fumisterie. Je n’ai plus cela maintenant ; peut-être que la société a changé ? Peut être ai-je changé ? Je ne sais pas.
-Comment les gens perçoivent ’ils l’herbalisme en Finlande
La plupart des finlandais récoltent, des baies, des champignons, du poisson, du gibier, et certain même pour des herbes comme l’ortie où de la berce.
Beaucoup de gens se souviennent de leur grand-mères ramassant des herbes, et ils me disent souhaiter avoirs été plus à l’écoute quand elles étaient toujours en vie.
A la place, je leur enseigne comment cueillir les plantes, bien que ne soit pas exactement comme leur tradition familiale, ça y ressemble suffisamment, et ça comble un profond besoin je pense.
(Les femmes ont cette pulsion de récolter. Si nous ne pouvons pas récolter on achète. Je préfère grandement la cueillette.)
-L’herboristerie n’est pas reconnu en France en tant que tel et demeure banni d’exercice légal. Peux-tu nous décrire de quelle manière il est légal de pratiquer en Finlande : si tu peux réaliser tes propres remèdes, comment organises-tu ta journée typique d’herbaliste ?
En Finlande, les praticiens alternatifs peuvent voir des clients librement. Nous ne pouvons nous prendre pour des docteurs, nous avons donc des clients (pas des patients) et nous les aidons avec leur santé (nous ne traitons pas les maladies).
Ma journée, si c‘est une journée client : je nettoie la réserve d’herbes, je vérifie ce pourquoi chaque client viens, prépare les éléments (ai-je assez de fournitures, d’étiquettes, de papier, je prépare l’administratif, je prépare de grands bols pour les mélanges à infusions etc.) et fait tout le reste nécessaire.
Les clients me prennent environ une heure et demie. Entre chaque, je nettoie la réserve d’herbes (les plantes sèches ont tendance à s’éparpiller).
Lorsque j’ai le temps, je fais des choses courantes, comme vérifier si quelqu’un m’a commandé un livre, je réponds aux emails, j’écris, vérifie si mes étudiants par correspondance m’ont rendu des devoirs, des choses comme cela.
Ma journée, si ce n’est pas une journée client : J’écris beaucoup plus. Des livres, des cours par correspondance, des choses comme cela. Je sors aussi ramasser des plantes si le temps s’y prête, où je les transforme si c’est nécessaire et que ce n’est pas un temps pour récolter.
-Nous sommes tous convaincus qu’il y a un future pour les plantes médicinales dans notre société. Et toi, quelle est ta vision ?
Aussi longtemps qu’il y aura des millions et des milliards en jeu dans l’industrie pharmaceutique, et aussi longtemps que les plantes ne peuvent être brevetées, alors nous sommes tous dans un affrontement déséquilibré.
Mais nous pouvons affaiblir les genoux des pharmaciants. Nous pouvons enseigner aux gens à prendre soin de leur propre santé, à ramasser leur propres herbes et à fabriquer leur propres remèdes.
-Tu avais pour projet un livre sur l’herbalisme amusant en direction des enfants. Peux-tu nous en dire plus ?
Il a été publié à la fois en finlandais et en suédois, et fut un échec dans les deux langues.
Je me suis découragée.
Si suffisamment de personnes me disent « oui, vas-y » et vont acheter le livre, alors je pourrais le traduire en anglais aussi.
Absolument _tout_ ce que j’ai pu faire pour le publier est tombé complètement à plat. Il y a eu une grève des postes _pile_ au moment où le livre devait être envoyé aux gens, les principaux et même les plus petits journaux ne l’ont pas chroniqué, l’éditeur a oublié d’inclure ma publicité (vraiment !), les gens de la foire du livre n’ont répondu à aucun de mes mails, et Le site de référencement annuels des résumés voulais les informations trois mois avant, ce qu’ils n’avaient jamais fait précédemment…Le truc est maudit, et je ne sais absolument pas pourquoi.
C’est un livre absolument fabuleux (vraiment !), tous ceux qui l’ont acheté me l’ont dit.
-qu’est ce qui te tracasse vraiment?
Il n’y a rien qui me tracasse vraiment.
Peut-être les sociétés de marketing à plusieurs étages avec leur aéropage d’adeptes : ces gens qui insistent pour utiliser les herbes pour des déficiences nutritionnelles sans s’occuper précisément des déficiences, ni même les reconnaitre.
-Qu’est-ce que tu aimerais réaliser dans les cinq prochaines années qui combleraient tes vœux les plus chers?
Là où je suis, je n’ai pas besoin d’accomplir quoi que ce soit. Je suis à l’aise où je suis et je vais continuer à faire ce que j’aime, jusqu’à ce que je ne puisse plus.
-Quel est le conseil que tu donnes le plus fréquemment à tes élèves?
Rappelez-vous de vous amuser, sinon, à quoi ça sert ?
-Lorsque tu as passe une journée entière à monder des fleurs de calendula, quelle chanson te vient à l’esprit?
Let the sun shine in, let the sun shine in, the suuuun shine iiin.
C’est une plante pleine de soleil tellement belle que tous les herbalistes devraient en avoir quelque mètres carrés qui sèchent au sol (ou sur une table) chaque été.
-As-tu le sentiment d’avoir une (des) plantes amie(s), à laquelle tu penses sans raison particulière, où à laquelle tu as le plus facilement recours ?
J’ai toujours aimé le millepertuis. Et j’utilise beaucoup l’épilope (willowherb), la rose, les orties et la racine de berberis.
Mais je pense que toutes les plantes sont magnifiques, donc mes préférences évoluent avec les besoins des clients et les saisons.
-Quel est ton livre favori?
Pas un livre, mais une série : les Chroniques Du Disquemonde de Pratchett. La saga Vorkosigan de Bujold et l’’histoire alternative de Guy Graviel Kay.
-Si tu avais un message pour l’Univers quel serait-il?
Soyez bienveillant envers les autres. Si vous n’y arrivez pas, essayez de changer votre vie pour y parvenir.
Question bonus :
-Admettons que l’on découvre que le Giant Spaghetti Monster Volant est à l’origine du monde, quel est ta première décision ?
Je cuisinerais des boulettes de viande servies sur des spaghettis, tout en saluant son Appendice Nouillesque.
Henriette Kress : Quand les huiles tournent mal : Par Henriette Kress
Interview d’autres Herbalistes:
- Interview Un Herbaliste : Christophe Bernard
- Interview an Herbalist : Rebecca Altman
- Interview Un Herbaliste: Charles Garcia
- Interview Une Herbaliste : Asia Suler
- Interview Une Herbaliste : Cathy Skipper
Welcome Henriette Kress!
It’ an honor to have you here. Your article on Troubleshooting herbal oils is one of the best hit of last year.
Your Herbal Homepage is a treasure chest for anyone looking for sound advice and reliable references be it American eclectic’s literature or your own books whom title says it all: practical herbs 1 and 2.
You live in Helsinki Finland, you’ve studied at the Michael Moore’s Sout West School Of botanical Medicine and currently you teach,take gorgeous pictures, do lectures and write articles.
And see clients, of course.
Of course! let’s dive a little deeper:
-My first question would be about history and path: where we are is
usually the result of a direction we took long ago. Can you tell us what
was the spark that made you follow the path of herbalism, and then, how did
you feed the embers to carry on?
When I was very small, my grandmother would come visit with us for a few weeks a year, and we would visit with grandma a few weeks a year. She used to take us on long walks, and on those, she’d point out plants. We’d also go gathering them: if she saw a nice meadow full with flowering primroses, or a lot of flowering St. John’s wort or similar, we’d all go picking.
I don’t think I had to feed the embers at all. Herbs have been my hobby all my life, except for a few years when boys were more important.
One boyfriend tried to get me to see the value of the internet, back in 1992 or 1993 or so. I wasn’t interested, until he pointed out that there’s herbs on there as well. Usenet, alt.folklore.herbs? Wow, count me in!
Then, when I got the chance, I went to Michael Moore’s class. Since then I’ve been a herbalist full time.
-Have you ever felt that herbalism could be a calling? Something society
deeply need in order to have someone able to interact with nature for
natural health?*
Herbalism has been my calling. It’s what I do, it’s who I am, and it’s why I keep teaching.
And sure, people in general need to be more connected with nature, but you can’t force them. Instead, they’ll come when they wish to — or when they need to.
-What was the biggest issue you had to overcome in order to become an
herbalist?
There were _no_ herbal schools in Finland in the late 1980s and early 1990s. Or yes, there was one, and I went to their introductory week, but as I’d been interested in herbs since I was about 5 years old, I kept thinking « teach me something new! ». They didn’t, so I went on to become a Master of Science in Economics instead.
Until the internet happened, and I saw herb schools in the UK (very expensive) and the US (more or less affordable).
-Herbalism is something that take individual to the core. Did you have any
trouble finding balance in your community?
When I started as a full-time herbalist, I’d get comments telling me that herbs are humbug. I don’t get those anymore; perhaps society has changed? Perhaps I’ve changed? I don’t know.
-How do people see herbalism in Finland?
Most Finns forage, for berries, for mushrooms, for fish, for game, and some even for herbs like nettles and goutweed.
A lot of people remember their grannies picking herbs, and tell me they wished they’d listened more back then, when she still lived. So I teach them how to pick herbs instead, and that’s not quite their own family’s tradition, but it’s close enough, and satisfies a deep need, I think.
(Women have this urge to gather. If we can’t forage, we shop. I vastly prefer foraging.)
-In France, Herbalism is not recognized as such, and remained banned from
official legal practice. Could you describe how you are able to practice in
Finland: If you make your own remedies, how do you schedule your typical
Herbalist day?
In Finland, alternative practitioners are allowed to see clients freely. We may not be pretend doctors, so we have clients (not patients) and we help their health (we do not treat disease).
My day, if it’s a client day: I clean the herb room, check what each client is coming in for, set up things (do I have enough intake forms, labels, paper, do the pens work, I set out the large bowl for mixing herb teas etc.) and do whatever else needs doing.
Clients take about 1.5 hours each, in between I clean the herb room (dried herbs tend to scatter about).
When I have time, I do normal day things, check if anybody has ordered books, do email, write, check if my distance students have handed in herb papers, things like that.
My day, if it’s not a client day: I write far more intensely. Books, distance courses, things like that. I also go out picking herbs if it’s the weather for it, or process herbs if they need processing and it’s not the weather for picking.
-Even if we are all convinced there is a future for medicinal plants in our
society. What is your vision?
As long as there’s millions and billions to be made by pharmaceuticals, and as long as herbs can’t be patented, we’re all in an uphill battle.
But we can chip away at the knees of the pharamcogiants. Teach people to take care of their own health, pick their own herbs, make their own remedies.
-You intended to publish a book on fun herbalism for kids. Do you have
more to share today?
It’s published in both Finnish and Swedish, and flopped badly in both languages. I got discouraged. If enough people tell me « yes, do it! » and go on to buy the book, I might translate it to English too.
_Everything_ I’ve tried to get it out there has fallen utterly flat. There’s a postal strike _just_ when the books due to be mailed out to people, the major or even minor papers didn’t pick it up, the editor forgot to include my ad (really!), the book fair people didn’t answer any of my emails, the yearly book summary wanted input three months earlier than ever before … the thing is hexed, and I have no idea why.
It’s an absolutely fabulous book (really!), everybody who’s bought it tells me so.
-What is it that really bother you?
Nothing very much bothers me. Multi-level marketing companies with their cult followings, people insisting to use herbs for nutrient deficiencies without also addressing those deficiencies or even acknowledging them.
-What would you like to achieve in the five next years that could grant
your deepest wishes?
I am in a spot where I don’t need to achieve anything at all. I’m comfortable where I am and will keep on doing what I love, until I cannot do so anymore.
-What is the most recurrent advice you give your students when they
graduate?
Remember to have fun, else, what’s the point?
-When you have been processing gallons of calendula petals the whole day,
what song come to your mind?
Let the sun shine in, let the sun shine in, the suuuun shine iiin.
It’s such a lovely sunny herb, every herbalist should have a few square meters of it drying on the floor (or a table) every summer.
-Do you feel you have a specific(s) plant ally(ies) , one(some) you are
eager to reach for whatever the reason?
I have always loved St. John’s wort. And I use a lot of willowherb (Epilobium), rose, berberis root and nettles.
But I think that all herbs are utterly lovely, so favorites change with client’s needs and with seasons.
-What is your all-time favorite book?
Not a book but a series: the Discworld books by Pratchett. The Vorkosigan saga by Bujold. And Guy Gavriel Kay’s alternative history.
-If you had a message you could share with the Universe, what would it be?
Be kind to others. If you can’t be, try to change your life so that you can.
Bonus Question:
-Let’s admit for a moment the world’s origin is from the Flying Giant
Spaghetti Monster, what’s your next move?
I’ll make meatballs and serve them over spaghetti, all the while bowing to his Noodly Appendage.