Interview Un Herbaliste : Christophe Bernard

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Bonjour Christophe, et merci de bien vouloir te prêter au jeu de l’interview !
Peut-être ne le sait tu pas mais ton site www.altheaprovence.com fût un déclencheur de longue date et demeure une ressource d’informations inextinguible.
Graines de médicinales, culture de plantes au jardin, cueillette, ramassage, stockage, transformation et conseil en phytothérapie, tout y est assemblé pour les amoureux de la nature et les assoiffés de vie en pleine santé.

Tu enseignes à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinale, mais aussi avec ton propre cursus en ligne, tu interviens sur de nombreux forums publics , au congrès annuel des herboristes et tu écris pour la presse spécialisée.
Tu es l’auteur de deux livres l’un sur les liqueurs et l’autre sur les remèdes herbalistes , deux ouvrages indispensables à ceux qui veulent bien vivre au quotidien. Tu seras aussi prochainement à  Montréal pour la Guilde des Herboristes  et malgré la frénésie, tu as pris le temps de répondre à quelques indiscrétions supplémentaires pour ce tour du monde des maîtres herbalistes:

-Ma première question serait sur l’histoire et la trajectoire: où nous en sommes est souvent le résultat d’une décision prise il y a longtemps. Peux-tu nous dire quelle a été l’étincelle qui t’a fait choisir le chemin de l’herbalisme et ce qui a ensuite entretenu les braises de la passion ?

christophe-bernard-a0af4d4f12a2b6067def07ddb178168a393J’ai eu la chance de grandir en Provence, toujours collé à mes grands-parents qui étaient avides amateurs de nature. Mon grand-père a eu une grande influence sur la personne que je suis aujourd’hui. C’était un jardinier hors pair, il aimait la nature, il ramassait les champignons, il faisait sécher les plantes pour en faire des tableaux végétaux, il ramassait la mousse pour décorer sa crèche. Ma grand-mère était grande amatrice de tisanes et je me souviens des grandes boites en fer qui abritaient les aromatiques. Tout ceci m’a accompagné dans toute mon enfance.

Puis j’ai pris d’autres directions, j’ai travaillé comme ingénieur puis plus tard comme responsable marketing d’une multinationale américaine. J’ai beaucoup couru pendant plusieurs années, la fougue de la jeunesse, la course à la promotion, les longues heures en réunion. Pas le temps de regarder à l’intérieur, pas le temps de faire le point. Je ne pouvais pas m’éloigner plus de la nature. Les plantes, elles, étaient soigneusement rangées dans un tiroir de mon grenier cérébral.

Puis les plantes ont re-débarqué dans ma vie subitement, le tiroir s’est ouvert. Je ne pourrais pas te dire pourquoi et comment, c’est juste arrivé, comme ça. Du jour au lendemain, j’ai acheté un livre, deux, dix. J’ai rempli le petit jardin que j’avais d’aromatiques. J’ai rempli les placards de bocaux et de macérations. Il fallait se battre pour trouver de l’espace pour stocker un sac de farine. J’ai repris les études le soir, le week-end. Les plantes sont vite devenues une obsession et à un moment, j’étais prêt à me lancer et je l’ai fait. J’ai laissé une carrière pour en construire une autre.

Les premières années ont été difficiles, je ne te le cache pas. Mais lorsqu’on a décidé de faire de sa passion son métier, pas besoin d’attiser les braises, elles brûlent continuellement d’un beau rouge. Et il faut bien ça parce qu’il y a des jours où l’on a envie de jeter l’éponge. Il m’a fallu 5 ans pour commencer à sortir la tête de l’eau, commencer à réaliser que j’allais finalement pouvoir gagner ma vie en réalisant ma passion.

Aujourd’hui, la phrase qui résume le mieux mes activités sont : « de la graine à la tasse ». J’aime développer une connaissance qui inclut ramasse, culture, transformation et utilisation thérapeutique. Toutes les phases sont importantes.

-As-tu déjà pensé que l’herbalisme pouvait être un appel ? Que c’est quelque chose qui répond à un profond besoin de la société d’avoir quelqu’un qui puisse être l’interface avec la santé au naturel ?

Absolument, il n’y a rien de plus satisfaisant que d’être en nature, avec la plante. De l’observer pendant ses différentes étapes de croissance. De suivre les cycles de la nature. Car les cycles de la nature sont aussi nos cycles, nous simples animaux que nous sommes. Nous nous croyons au dessus de tout cela, des êtres quasi-virtuels aujourd’hui qui échangent par clicks et s’encouragent par pouces.

Nous vivons dans des grottes sans lumière (bureau, chambre). Et nous dépérissons, la motivation a disparu, le moral est en berne. Nous avons besoin de nature, chacun de nous. Je ne veux pas être l’interface entre la nature et la santé au naturel, je veux apporter une étincelle (je dis cela sans prétention) qui permettra à mes concitoyens de se reconnecter par eux mêmes. Nous en avons tous besoin.

Retrouver la santé, cela passe par cette connexion.

-Quelle fut ton plus gros obstacle pour devenir un herbaliste?

Mes propres peurs, d’être rejeté, de ne pas être à la hauteur, de ne pas gagner assez d’argent pour payer mes factures. J’essaye de travailler sur mes peurs, ce qui n’est pas toujours facile.

Lama Tsoknyi Rinpoche nous dit ceci : « en restant dans le présent, nous pouvons laisser aller le passé et le futur – les quartiers généraux de nos peurs ». Tout ceci requiert beaucoup de sagesse.

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-L’herbalisme est quelque chose qui infuse profondément l’individu. As-tu déjà rencontré des problèmes pour trouver un équilibre dans ta vie au quotidien, dans ton environnement ?

Oui, on ne peut pas passer d’un monde de bureau, d’avions et de réunions au monde des plantes en claquant des doigts. J’ai eu du mal à trouver le bon équilibre dans ma vie quotidienne.

J’ai décidé de me donner à l’herbalisme pour retourner à un monde sain, simple et naturel, et pourtant, très souvent il y a eu des moments où j’avais l’impression de me retrouver au bureau car je devais rendre un article, préparer un atelier, travailler sur un contrat, etc. Puis il y avait les périodes où malgré les articles à rendre et les livres à remettre à l’éditeur, je devais m’occuper du jardin. Le printemps, période qui aurait dû être une renaissance, devenait une période de stress et de préoccupation.

Donc voilà, je ne te cache pas Benjamin que trouver un équilibre a été difficile les premières années, que j’avais été naïf sur ma nouvelle vie.

Il faut dire que pendant ces premières années, j’ai accepté toutes les opportunités qui se sont présentées à moi et j’ai travaillé comme un fou car je ne savais pas dans quelle direction ma nouvelle carrière allait m’emmener.

J’ai pu remettre les choses en ordre, lentement, ces deux dernières années. J’ai pu éliminer les projets superflus, j’ai pu me concentrer sur l’essentiel, mes formations en-ligne par exemple. L’équilibre est finalement arrivé, après une période de tumulte.

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-qu’est ce qui te tracasse vraiment?

La névrose du pays et la tendance de tout voir en noir. J’ai vécu 15 ans au Canada et aux Etats-Unis.

Je ne fais pas l’éloge de ces deux pays, ils ont leurs côtés positifs et négatifs comme tout pays, le pays parfait n’existe pas.

Mais s’il y a quelque chose que j’ai apprécié chez nos amis nord-américains : leur positivisme, leur capacité à se retrousser les manches en période d’adversité, de se dire « oui c’est dur en ce moment, mais ça ira mieux, allez, on fonce ».

Ca, ça fait du bien au moral, ça donne envie de se donner à fond. C’est dans cet esprit que j’essaye de mener ma vie.

-Lorsque tu as passe une journée entière à monder des fleurs de calendula, quelle chanson te vient à l’esprit?

Here comes the sun des Beatles

« Here comes the sun (doo doo doo doo)
Here comes the sun, and I say
It’s all right »

Simple, positif, plein de soleil. J’adore.

-As-tu le sentiment d’avoir une (des) plantes amie(s), à laquelle tu penses sans raison particulière, où à laquelle tu as le plus facilement recours ?

Lavande et romarin sont mes deux alliées.

D’abord parce qu’elles représentent mes racines Provençales. Mais aussi car ce sont des plantes banalisées et sous-estimées alors qu’elles sont d’une grande puissance. Le romarin est un antioxydant redoutable, grand protecteur cérébral et dépuratif du foie. La lavande apaise l’esprit tout en aiguisant nos capacités cognitives.

Les deux sont à la fois très anciennes et très adaptées à la problématique moderne. L’infusion de romarin est celle que je bois le plus souvent dans ma vie quotidienne.

-Quel est le conseil que tu donnes le plus fréquemment à tes élèves?

Lancez-vous. C’est dans l’expérimentation que l’on apprend. La vraie plante n’existe ni dans les livres, ni sur internet. La vraie plante, elle est là, dehors, au bord du chemin ou au jardin.

Pour connaître la plante, il faut la ramasser, la goûter, la transformer, l’essayer sur soi, la conseiller aux proches, le tout dans les limites du raisonnable bien évidemment. Je parle ici des plantes inoffensives lorsque bien utilisées. Comme le dis Patrice de Bonneval, le fondateur de l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales – Le seul danger avec l’aubépine c’est de tomber dans le buisson (oui, il y a des épines!)

Tout ceci prend du temps. De longues années.

Vous êtes pressé ? C’est mal parti. Vous ne connaîtrez la plante qu’en surface.

Vous avez le temps ? Tant mieux, habituez-vous à vous sentir frustré de ne rien savoir. En ce qui me concerne, au plus j’apprends, au plus j’ai l’impression de ne rien connaître. C’est normal et je dirais même c’est sain.

Fuyez ceux qui se prétendent expert.

Il faut vider sa coupe.

Je finis par l’une de mes histoires zen préférées.

Un professeur universitaire rend visite à un grand maître zen afin de parfaire son éducation sur le zen. Mais au lieu d’écouter le maître, le professeur ne cesse de déballer ses propres connaissances. Le maître écoute tout en servant le thé. Il remplit la tasse du professeur, puis continue à verser le liquide. Le thé déborde, dégouline sur la table, sur le pantalon du professeur, sur le sol.
– Mais enfin vieil homme, ne voyez-vous pas que la tasse est pleine ? Ne versez plus, vous ne pouvez plus rajouter de thé !
– C’est très juste dit le vieux maître. Et comme cette tasse, vous êtes remplis de vos propres idées et conceptions. Comment puis-je vous enseigner le zen si vous ne videz pas d’abord votre tasse ?

-As-tu des influences surprenantes?

J’ai croisé beaucoup de gens qui m’ont inspiré et il me serait impossible d’en sélectionner un, en particulier qui soit « surprenant ».

D’un autre côté, j’ai envie de dire que nous sommes tous surprenant à notre manière.

Dans le monde des plantes spécifiquement, Matthew Wood est probablement la personne qui m’a le plus marqué du côté anglophone, dans sa capacité à comprendre d’une manière intuitive la plante ainsi que les courants énergétiques d’herbalisme.

J’ai aussi beaucoup apprécié le coup de pouce que Howie Brounstein m’a donné à mes débuts, c’est un homme très drôle, assez farfelu, et un herbaliste que beaucoup de gens écoutent.

Du côté français, j’ai beaucoup de respect pour Patrice de Bonneval, un grand homme des plantes, humble, au franc parlé, qui a ravivé le savoir traditionnel d’herboristerie en France grâce à son école.

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-Quel est le meilleur conseil que tu aies reçu ?

Cela faisait un an que j’étais revenu des Etats-Unis, un an que je déprimais un peu de voir que je ne serais certainement pas accepté les bras ouverts par un système fermé sur lui-même.

Pendant cette année-là, je me suis replié sur moi-même et je me suis plongé dans la culture des médicinales au jardin. Puis j’ai rencontré un pharmacien qui, en entendant mon histoire, m’a dit « Penses-tu que c’est en agissant dans tes peurs que tu pourras changer les choses ? Tu dis que le système est fermé sur lui-même, mais que vas-tu faire pour changer cela ? ».

Cela m’a donné un grand coup de pied dans les fesses et franchement j’en avais besoin.

C’est à ce moment-là que j’ai créé mon blog et que je me suis relancé du côté français avec ardeur.

-As-tu une maxime?

J’ai démarré mon blog fin 2009. Dès le départ, j’ai beaucoup donné sur ce blog.

Certains collègues m’écrivaient en me disant « si tu donnes trop, comment veux-tu que les gens viennent à toi ? Il faut te rendre indispensable. ».

A ce genre de commentaire, j’ai toujours répondu ceci :

« c’est en donnant tout ce que j’ai que les gens auront envie de travailler avec moi ».

Et cela s’est réalisé.

Ce blog, c’est la fondation de tout ce que j’ai construit jusque-là. Il m’a permis d’écrire dans des magazines, d’écrire des livres, d’enseigner dans l’une des meilleures écoles d’herboristerie du pays, de faire des programmes vidéo pour un public assez large. Donc ma maxime préférée est la suivante :

« Donne tout ce que tu as et l’univers te le rendra ».

-Quel est ton livre favori?

christophe-bernard-profilBeaucoup de livres m’ont marqué. Dernièrement, mon favori a été « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre, avec une histoire et des personnages à la fois simples et hors du commun.

J’aime beaucoup les grands romans historiques, « Les piliers de la terre » par exemple, ou plus à l’est la saga de James Clavell – « Shogun », « Gaijin », « Taipan ».

En ce moment je suis en train de lire « Pour qui sonne le glas » d’Hemingway car il faut parfois rendre hommage aux classiques.

Entre une ballade dans mes collines et une après-midi au jardin, j’aime remonter le temps ou voyager avec un bon livre.

Et entre nous, je suis depuis mon adolescence un grand fan de Stephen King. Oui il me donne des cauchemars, mais je ne peux pas m’empêcher de dévorer tous ses livres !

-Qu’est-ce que tu aimerais réaliser dans les cinq prochaines années qui combleraient tes vœux les plus chers?

Franchement, je suis arrivé à un point en 2017 où j’ai tout ce que je veux, tous mes projets ont démarré, je travaille avec des gens sérieux, passionnés et que j’apprécie.

Les gens qui suivent mes formations en-ligne sont des gens avec qui je m’entends très bien, et ils m’en apprennent autant que ce que je leur apprends.

De plus, d’un point de vue global, je vois que le changement arrive, que les individus sont prêts à retourner à un mode de vie plus naturel, qu’ils apprécient le retour des plantes médicinales dans leur vie. Tout ceci me comble.

Je veux donc continuer à développer mes projets, mes programmes de formation, mon jardin en toute simplicité et humilité.

Il faut par contre que je prenne le temps d’apprécier ce que j’ai, ce qui est parfois dur dans la course de tous ces projets.

Il y a de nombreuses fois où je suis physiquement en nature, avec les plantes, mais je n’y suis pas vraiment. Dans ma tête, je suis ailleurs, en train de planifier la prochaine vidéo, le prochain article.

Et ça, ce n’est jamais bon. Réapprendre à vivre dans le présent sera une priorité.

-Si tu avais un message pour l’Univers quel serait-il?

S’il te plait Univers, accélère notre réveil. Beaucoup d’entre nous sont encore endormis.

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Question bonus:

-Admettons que l’on découvre que le Giant Spaghetti Monster est à l’origine du monde, quel est ta première décision ?

Je me réjouis bien sûr ! Je prépare la sauce tomate, la mozzarelle, et surtout un bon pesto au basilic sacré afin de rentrer en communion avec le créateur.

Interviews d’autres herbalistes:

 

 

 

-My first question would be about history and path: where we are is usually the result of a direction we took long ago. Can you tell us what was the spark that made you follow the path of herbalism, and then, how did you feed the embers to carry on?

I was born and raised in Provence in the south-east of France, a region where there is a strong herbal tradition. I was always glued to my grandparents who were nature lovers. My grandpa had a big influence on who I am today. He was an outstanding gardener, a mushroom picker, he collated dried herbs and flowers to make artistic creations, he was always outside rain or shine. My grandma was the herbal tea specialist and I fondly remember those big metallic boxes containing aromatics herbs, linden flowers, star anis.
Then I studied engineering and spent several years in the corporate world, first on the technical side, then in marketing. And frankly I loved it, the world travel, the endless meeting hours, the race to the promotion. That was me back then. No time to look inside. Nature could not have been further away from my mind. Herbs had been stored away in a mental deposit box.
But one day the deposit box popped open, and I could not tell you how or why. It just did. I started to buy one book, then two, then ten. Next I was making tinctures and salves. I undertook some herbal studies at night and over the week-end. Plants became an obsession. And at some point, I was ready to jump in the unknown and I did. I left a good career behind me, one that did not fit my values anymore, in order to build a brand new one.

The first years were tough, I won’t lie to you. But when you decide to turn your passion into your work, there is no need to keep the embers going as you say. The fire is burning strong, and that’s a chance because otherwise, there were days when I would have given up. It took me a good 5 years to start to get my head above water, to see the light at the end of the tunnel, to finally realize that I would be able to make a living out of this new career.

Today, the sentence that best summarizes what I do is « from seed to medicine ». I like to pick, to grow, to transform and to advise people on how to use plants for particular health issues. All of those steps are very important to me.

-Have you ever felt that herbalism could be a calling? Something society deeply need in order to have someone able to interact with nature for natural health?

Absolutely, there is nothing more rewarding than answering the call of nature, to watch it grow and evolve through its different cycles. Nature’s cycles are also our cycles. We are simple animals. We believe we are so much more, we believe we are above nature’s rules, that we can be virtual beings, exchanging love through clicks and helping each other’s through thumbs-ups. We live in caves (the office, the bedroom) and we are perishing, we are withering inside, people are sad and depressed. We need to reconnect with nature, all of us. The path to a better health requires this connection.

-What was the biggest issue for you to overcome in order to become an herbalist?

My biggest obstacles were my own fears. Fear not to be a good enough herbalist, fear not to be able to pay my bills at the end of the month. Lama Tsoknyi Rinpoche says « when we stay in the present, we can let go of the past and the future – the headquarters of our fears ». Easier said than done ! But I constantly work on it. It will be the work of a lifetime.

-Herbalism is something that take individual to the core. Did you have any trouble finding balance in your community?

Yes, I’ve had my struggles. You cannot move from the corporate world, from airplane world travel and endless hours of meetings, to the kingdom of plants and nature just by snapping your fingers. Finding the right balance was hard. I decided to dedicate myself to herbalism to go back to a simple and healthy way of living. But some days, I really had the impression that I was back in the office. I had to produce a set of articles, I had to prepare a workshop, finalize a contract, etc. Then there were crazy periods when not only did I have to return drafts of my books to the editor, prepare a set of classes for my teaching engagements, but it was also spring and the garden was screaming for my attention. The spring ! The moment of the year when I should have been in the garden, enjoying the sun, getting my hands dirty, happy as a dung beetle in manure. During those first years, I accepted every opportunity that knocked on my door and I worked long hours to deliver, because I just didn’t know where this new career would lead me. During the past two years, I have been able to simplify and focus on what has become strategic to me, my work as a therapist, my online classes. Balance is finally here after a tumultuous period.
-What is it that really bother you?

What bothers me is the state of neurosis that our country is going through. I lived 15 years in Canada and the United-States. I am not putting those countries on a pedestal, they have their good sides and bad sides like every countries in the world. The perfect country does not exist in my humble opinion. But there was one thing I really appreciated: the ability of the people to roll-up their sleeves when the going gets tough and to see the bright side of life. I am not sure this is still true with the political turmoil of the moment, but there is a fair amount of positivism ingrained in the culture. I miss that. I wish we could also spend more of our time looking at the bright side on this side of the Atlantic.

-When you have been processing gallons of calendula petals the whole day, what song come to your mind?

Here comes the sun by the Beatles

« Here comes the sun (doo doo doo doo)
Here comes the sun, and I say
It’s all right »

Simple, positive, full of sun. I love it !

-Do you feel you have a specific(s) plant ally(ies) , one(some) you are eager to reach for whatever the reason?

Lavender and rosemary are my two plant allies. First because they represent my roots in Provence. But also because they have been trivialized and underestimated. Don’t be fooled, those two are very powerful. Rosemary is a powerful antioxidant, a formidable protector of the brain against the aggression of modern life. It is also a gentle liver cleansing herb and I don’t know anyone today who would not benefit from this property. Lavender quiets down the chatter of the mind while sharpening our cognitive abilities. They are both very ancient plants and very adapted to the problems of a modern world.

-What is the most recurrent advice you give your students when they graduate?

Jump. Do. Experiment. It is through experimentation that you will learn. Medicinal plants do not live in a book nor on the internet. Medicinal plants are out there, along the trail or in the garden. To know the plant, you need to pick it, to taste it, to transform it, to try it on yourself and to recommend it to others, all within reasonable limits of course. I am talking about gentle harmless plants when used properly. As Patrice de Bonneval, founder of the Lyon School of Medicinal Plants says – the only danger with hawthorn is if you fall into a bush (yep, those thorns!).

All of this takes many years. You are in a hurry? Sorry, bad start. You will know plants on the surface. You will only see the tip of the iceberg.

You have time ? Good, get used to feeling like you know nothing. Personally, the more I learn about plants, the less I feel I know. This is normal, this is healthy. Run away from those pretending to be experts. Empty your cup.

I will finish with my favorite zen story.

A university professor goes to visit a famous Zen master. While the master is serving tea, the professor is talking profusely about Zen. The master pours the visitor’s cup to the brim, and then keeps pouring. The professor looks at the overflowing cup until he can no longer restrain himself. « It’s full! No more will go in! » he shouts. « This is you », the master says, « How can I teach you Zen unless you first empty your cup? »

-Do you have influences that might surprise us?
I have come across many good people who inspired me, and picking one would simply be impossible, in particular one who might surprise you. On the other hand, I want to say that we are all surprising in our own ways. Specifically in the plant world, Matt Wood is the person who impressed me the most, in his capacity to understand plants in a very intuitive way and to weave the knowledge of so many herbal cultures into a consistent view. I loved working with Rosalee de la Forêt, we still exchange on a regular basis. I also appreciated the encouragements and tips given to me by Howie Brounstein when I just started. On the French side, I have a lot of respect for Patrice de Bonneval who fought on the French side to keep herbal tradition and knowledge alive.

-What is the best advice you received?

When I came back to France, I spent a year brooding over my situation. I realized that I might not be accepted by the system with open arms (to say the least). I was in “poor little me” mode. During this year, I dedicated myself to picking and gardening. I was a bit depressed, I admit it. But then one day I met a pharmacist who listened to my story and told me something like this: “By living in your fears, do you believe you will make changes happen? You say the system is closed, but what will you do to change the situation?” This was a big kick in the rear, and frankly I needed that. At this point, I woke up. That is when I started my blog and I re-invented myself on the French side.

-Do you have a quote you refer to?

I started my blog in 2010. From the start, I shared a lot of herbal knowledge with my readers. I answered all questions and comments that came my way. Seeing my work, I got messages from colleagues telling me that I was giving too much, how could I make myself indispensable if I was giving so much information? First of all, I did not want to make myself indispensible. But I also strongly believed in the opposite: if you give it all you have, genuinely, people will want to work with you. Do the test: search for “herbal remedies for sinusitis” on the web. Pick the first articles that come your way and read all those bland, boring and useless contributions. Then go to Jim McDonald website and see what he has to say about sinusitis. See a difference? Jim’s goal was to help you deal with sinusitis, not get traffic from a few keywords. Who would you rather work with and study with?

It happened to me. I gave it all. My blog is the foundation of every contact, every opportunity I got. Thanks to the blog, I could write for herbal magazines, I could write books, I could teach at one of the most prestigious herbal school in France, people came to me because they wanted to study with me so I created online classes. All of this can be traced back to my blog.

So my favorite quote is this: “give it all, the universe will take care of the rest”

-What is your all-time favorite book?

I love reading. Lately, my favorite book has been « Au revoir là-haut » by Pierre Lemaitre, a fascinating story taking place after the first world war with simple yet remarkable people. I love historical novels. “The pillars of the earth” for instance or more to the east the James Clavell saga “Shogun”, “Gaijin”, “Taipan”, etc. Right now I am reading “For whom the bell tolls” by Hemingway, because once in a while I like to honor the classics. And between us, since my teenage years, I am also a big fan of Stephen King. Yes, he gives me nightmares, but I just can’t help reading his books!

-What would you like to achieve in the five next years that could grant your deepest wishes?

Frankly, I got to a point in 2017 when I have everything I want. All my projects have finally taken off. I work with passionate people. I get along very well with the students doing my online programs, I learn as much from then than they learn from me. I also see big changes coming our way, more and more people are waking up to the fact that we need to reclaim our health from the system. There is hope, not at the top, the top is corrupted everywhere. Hope is coming from the bottom, from the people. This makes me hopeful.

I do need however to appreciate what I do, which is not that easy when you are running around trying to accomplish all those projects. There are times when I am physically in nature, with plants, but I am not really there. In my head, I am working on the next video, on the next publication. And this cannot be good. Learning to live in the present will continue to be a priority for me.

-If you had a message you could share with the Universe, what would it be?

Please, universe, make the awakening happen a little quicker. Too many of us are still fast asleep.
Bonus Question :

-Let’s admit for a moment the world’s origin is from the Giant Spaghetti Monster, what’s your next move?

I rejoice of course! I prepare tomato sauce, mozzarella, and more importantly a holy basil pesto in order to establish contact with the creator.

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