Article original
Aromathérapie pour les herbalistes
Le Rôles des huiles essentielles dans la boite à outils de l’herbaliste avec Cathy Skipper
L’époque où il y avait une franche différence entre l’approche Anglo-saxonne du bien-être et la méthode clinicienne française de l’aromathérapie est maintenant derrière nous.
Il peut encore exister des situations où, par manque de connaissance ou d’ouverture d’esprit à l’une ou l’autre de ces approches, des individus préféreront gâcher leur énergie et s’affrontant ou en contestant la théorie plutôt que de se comprendre.
Mais en règle générale, il semble se développer un bon équilibre entre les deux.
Ayant reçu un une formation herbaliste en France avec les huiles essentielles comme partie intégrante du cursus tout en étant convaincue que l’approche énergétique est une partie importante de la guérison holistique, je vois ces deux dynamiques comme deux aspects de la même chose.
L’infinité de possibilités des molécules aromatiques dans ma pratique en fait l’ossature de ma trousse à outil herbaliste… à la fois clinique et énergétique.
Cela nous emmène au prochain pont qui a commencé à se construire et qui as juste besoin d’encore quelques briques de ciment déposés avec amour pour le rendre suffisamment solide pour le franchir.
Ce pont est entre l’herbalisme et l’usage des huiles essentielles.
Je ne suggère pas qu’il n’y a aucun herbaliste qui utilise les huiles essentielles dans leur pratique car j’en connais, mais je sais que nous sommes peu, et de loin.
Pourquoi me demanderez-vous?
L’une des raisons pourrait être que comme mentionné ci-dessus, l’aspect bien être dans l’usage des huiles essentielles aux états unis et en Angleterre signifie qu’elles n’étaient pas considérées parmi les solutions cliniques pour le secteur pathologique mais plus envisagées dans un contexte de massage et de réflexologie par exemple.
L’autre raison, est que j’ai entendu des herbalistes expliquer qu’en raison des quantités nécessaires de matière végétale pour les produire, ils ne les estiment pas écologiquement « propres » à l’usage phytothérapeutique…
Ce qui est je le crois un énorme sujet qui n’englobe pas seulement l’approvisionnement certifié d’huiles essentielles, mais aussi leur usage correct, ce dont j’ai parlé dans une conversation avec Ann Ambrecht pour le blog Numen (Traduit ici >lien< : Les Huiles Essentielles par Cathy Skipper http://www.numenfilm.com/blog/essential-oils/).
Une autre possibilité est que les herbalistes ne peuvent pas faire leurs huiles essentielles eux même et n’ont donc pas la même connexion avec la plante et son huile essentielle, de la même façon qu’ils pourraient l’avoir avec un soin à base de plante qu’ils feraient eux même.
Quel que soit la raison, j’ai remarqué que de plus en plus de mes collègues herbalistes commencent à s’intéresser au sujet.
L’année dernière j’ai particulièrement apprécié le temps passé avec Rosalée de la Foret, et pendant qu’elle me partageait ses incroyables connaissances en confection de soins, j’ai participé avec quelques huiles essentielles aux recettes. Jim McDonald a commencé à s’intéresser pour comprendre les questions de sécurité et la place que pourrait jouer les huiles essentielles pour les herbalistes.
Le mois dernier dans la Drome, le stage que j’ai fait avec 7song était l’aboutissement de ce que peut être le mélange de l’herbalisme et l’aromathérapie, à tel point que les frontières semblaient quasi non existantes.
Ci-dessous, je tenterai de souligner par quelques exemples les différentes façons dont les huiles essentielles peuvent être intégrées dans un traitement phytothérapeutique.
Suivant la manière dont se présente la situation, je choisis la préparation ou mélange dont je pense qu’il est le plus adapté.
Les huiles essentielles sont souvent de premier choix lorsqu’il y a infection, virus, bactéries ou problème fongique.
Je m’assure de toujours avoir quelques huiles différentes riches en phénols et monoterpénols sous la main telles que Thymus vulgaris CT thymol, Thymus vulgaris CT linalol, Satureja montana, Origanum vulgaris, Myrthus communis… qui non content d’être des agents remarquablement anti infectieux avec un large spectre d’action, ont à la fois des phénols et des monoterpénols aux propriétés immunostimulantes.
La raison pour laquelle je choisis de préférence l’huile essentielle à la teinture de la même plante pour les indications précédemment mentionnées est que la concentration de molécules aromatiques est gigantesque et donc que l’effet tend à être extrêmement rapide.
Son activité est à la fois directe et indirecte.
L’action directe est létale pour l’élément pathogène en créant des lésions irréversibles aux membranes de la cellule et l’action indirecte agis en inhibant la croissance bactérienne par l’altération de l’environnement car ces molécules hydroxyles ont un PH acide alors que les germes se développent en environnement alcalin.
L’usage de ces huiles essentielles aura donc ma préférence pour toutes ces raisons en cas de besoin de réaction rapide aux premiers signes d’infection ou en mesure préventive.
En même temps, j’utiliserai probablement une teinture ou une infusion pour aider à soulager chacun des symptômes provoqués par l’infection : par exemple, pour une infection des bronches avec une toux phlegmoneuse, j’utiliserai une infusion composée d’expectorants stimulants comme le Marrubium vulgaris, qui de façon amusante sera utilisé pour ses molécules aromatiques (lactones) qui ont un action fluidifiante et expectorante, du bouillon blanc (Verbascum thapsus) pour ses mucilages mais aussi ses saponosides et leurs action expectorante ; et du plantain (Plantago lanceolata) qui lui aussi as une douce action expectorante.
Afin de lier les huiles essentielles et l’infusion, mais aussi pour favoriser l’acceptation du client, je pourrais les ajouter à du sirop de thym (pour le gout) ou de bourgeons de pin (Pinus sylvestris) pour adoucir.
Pour prendre en compte l’état affectif du client, je pourrais plonger dans ma trousse à outil herbaliste pour lui donner du soutien émotionnel avec des essences de fleur.
Il me parait très important, quel que soit la maladie, de prendre le temps d’écouter les sentiments d’une personne, et leur prodiguer l’aide phytothérapeutique associée nécessaire.
Au sujet des éléments plus doux de ma trousse à outils, les huiles essentielles peuvent aussi tenir ce rôle en renforçant ce que je disais au début de cet article au sujet de leur diversité.
D’un côté, elles peuvent intervenir pour agir en tant qu’anti fongique, anti microbien puissant, d’un autre, avec une simple goutte ou une inspiration elles peuvent transformer un blocage émotionnel.
L’un des usages les plus subtils pour lequel j’ai trouvé que les huiles essentielles étaient très efficaces est l’ancrage : Aujourd’hui, beaucoup de gens sont perpétuellement où temporairement déphasés (que ce soit pour la maladie, le choc émotionnel etc.) et c’est pour moi une partie importante du processus de guérison que de les aider à « re – toucher terre ».
Il est intéressant de noter que la plupart des huiles essentielles utilisées pour l’ancrage sont celles qui étaient utilisées dans les rituels et les pratiques spirituelles au travers de l’histoire, renforçant la notion indispensable que pour être bien connecté à son âme et son esprit il faut être solidement enraciné.
Les Sesquiterpènes donnent ce que l’on appelle les ‘notes de fond’ en aromathérapie et sont contenues dans les racines et parties boisées de la plante. Ce sont les constituants des huiles essentielles que l’on trouve le plus communément dans les huiles qui relient à la terre.
L’huile essentielle de nard (Nardus jatamansi) contient 60% de sesquiterpènes et a cette odeur très terrienne de l’humus tapissant la forêt qui nous ramène dans la partie basse de nos corps tout en permettant de libérer un esprit sur-stimulé.
Dans cette action d’ancrage il y a aussi un effet de ré harmonisation qui peut être ressenti dans tout l’organisme des orteils à la tête et qui diffuse chaleur, réconfort et sécurité.
Il est intéressant de noter que le nard appartient à la même famille botanique que la valériane.
Le Patchouli (Pogostemon cabli) avec ses 30% de sesquiterpènes a un lien très fort au monde matériel; il amène la stabilité et ancrage tout en stimulant les forces physiques et psychologiques durant les périodes de fatigue chronique, de stress et d’agitation mentale.
Le Patchouli nous aide à nous réconcilier avec nos origines et à accepter notre individualité en nous donnant le courage d’exprimer nos émotions calmement.
Idéal dans les huiles de massage pour le chakra racine et attirer les éléments (force physique, capacité de concrétiser les idées etc.).
Le Cèdre (Cedrus atlantica) contiens jusqu’à 70% de sesquiterpènes et agis comme un lien entre la base de solides racines qui se soutiennent une l’épine dorsale naturellement érigée avec l’axe nuque, épaule et tête.
Son action procure le sentiment de sécurité, de bien être, et d’enracinement en terre avec une solide psyché.
Le santal (Santalum album) avec jusqu’à 50% de sesquiterpènes, unifie tous les aspects de l’être nous aidant ainsi à diminuer le stress, la nervosité, la dispersion mentale et l’épuisement nerveux.
Il ouvre le plexus solaire et nous incite à nous sentir bien chez soi de manière équilibrée et en harmonie avec nous-même.
Les exemples ci-dessus ne montrent qu’une infime partie du rôle que jouent les huiles essentielles dans mes choix de plantes médicinales, elles sont importantes dans ma boite à outils et couvrent un large spectre de situations.
Il est toutefois vital d’insister sur l’importance d’une formation de qualité par une école ou un enseignant accrédité pour l’usage des huiles essentielles afin d’utiliser ces soins phytothérapeutique en toute sécurité.
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