Magie Végétale (Plant Magic)

Article original traduit de l’anglais avec l’aimable autorisation de l’auteur Sean Donahue

Image à la une de Phil Mc Darby

Comme les dieux et les gens, les plantes existent pour elle mêmes – mai aussi comme partie intégrée de l’écologie complexe dont elles émergent.

De nombreux praticiens de nos jours les approchent comme de simples objets inertes à utiliser dans leurs rituels où formulations – une perspective et une approche qui à la foi émerge mais aussi renforce la culture matérialiste capitaliste du déni d’intelligence vivante autre qu’humaine dans le monde. Alors que de considérer les plantes en tant qu’alliées permet une magie révolutionnaire bien plus riche et puissante.

Les hommes qui ont vendu le monde

“We must have died alone, a long long time ago.” –David Bowie

Quand et comment les plantes sont-elles devenues du simple matériel destiné à exaucer les désirs et besoins humains ? D’une certaine manière, le processus a démarré avec la naissance de la civilisation, mais il fut complet dans l’avènement sanglant du capitalisme.

Le capitalisme est né d’une indicible violence : Le déplacement contraint des paysans d’Europe de l’ouest  , les génocides et les écocides au travers toutes les Amériques. Le kidnapping, le meurtre, l’esclavage et l’exploitation de millions d’africains. Le traumatisme général de cette violence a créé une dissociation collective, une désensibilisation psychique qui a éloigné nombre des survivants ainsi que leurs descendants de l’impact émotionnel du passé et de la brutalité en cours. La vie sous le capitalisme est caractérisée par une aliénation dont s’élève cette violence et contribue à la perpétuer.

Alors que les philosophes et scientifiques anglais et français commençaient à articuler une nouvelle vision du monde, un paradigme avec et issu du capitalisme a vu le jour. Les derniers éléments de culture européenne ( et les colonies nord-américaines émergentes) communautaires et animistes qui, avant les assimilations,  dans les communautés rurales malgré les efforts redoublés des états et de l’église maintenaient toujours un degré d’influence dans la vie rituelle et quotidienne, furent effacés.

L’économie locale d’aide mutuelle était remplacée par un modèle qui voyait l’individu agir en tant qu’acteur économique primaire défini uniquement par son seul petit intérêt étroit. De manière simultanée, la médecine a évolué d’un contexte où des personnes qui cultivaient de profondes relations avec des royaumes autres qu’humains faisaient des offrandes, des demandes et des accords pour le compte d’une personne en souffrance dans le but de rétablir l’équilibre dans le microcosme et le macrocosme ; à un système où des techniciens détenant une connaissance spécialisée exécutent une intervention précise sur les fonctionnement internes du corps considéré alors comme une machine. Comme le corps humain, le monde lui-même a commencé à être vu et traité plus comme une horloge qu’un système fluide, vivant avec une intelligence propre qui l’anime.

L’alchimie du seizième siècle était enraciné dans une cosmologie qui percevait le monde matériel comme imparfait, une représentation corrompue de ce qu’avait prévu le dieu des chrétiens. Il cherchèrent le procédé par lequel une chose pouvait être raffinée jusqu’à son essence. Au 17è siècle, cette cosmologie a dégénéré dans un modèle par lequel le monde était constitué de ressources n’attendant que d’être raffiné en richesse. Les vies humaines étaient perçues indifféremment dans chacune cosmologie. Dans le mysticisme chrétien qui sous-tend l’alchimie européenne, les humains étaient perçus comme des pêcheurs qui, à travers la quête de sagesse pourraient atteindre une gnose leur accordant la grâce. En singeant la surface cette pensée, le capitalisme rend possible d’acheter pour de l’argent  des extension de temps de vie humaine et deviens alors un instrument de productivité permettant de fabriquer de la richesse aux hommes qui les achètent.

De quelle autre manière pourrait être perçue la vie non humaine dans un tel paradigme : autrement qu’en ressource pouvant être extraite, raffiné pour produire du rendement. Dabord comme nourriture, puis, alors que le capitalisme avance, en médicaments dont la forme deviens de plus en plus distante de celle des plantes originales qui les a fournies. A tel point que sous les dernières formes capitalistiques, le sirop de maïs est devenu de l’or liquide capable de produire suffisamment de ressources pour acheter des élections, et que la plupart des médicaments cessent d’être issus de plantes fraîchement vivantes, mais plutôt deviennent des simulacres de molécules végétales reconstituées à partir de résidus fossiles d’une forme de vie éteinte depuis longtemps.

Instrumentalisation de la magie des plantes

Bien que ce fût un défi, que la résurgence de certains aspects de vie humaine l’ai détruite voire supprimé, la résurgence de la magie dans la dernière moitié du dernier siècle émergea au sein d’une culture qui avait défiguré le monde. Et pour autant de récentes générations de Pagans et Polythéistes qui ont parlé et écrit au sujet du ré-enchantement du monde et de la sacralité de toute vie, beaucoup de textes contemporains, d’enseignements et de pratiques impliquant la magie des plantes traitent les herbes comme des outils dans un rituel où un sort. Ils basent leur information du rôle de la plante dans la tâche à accomplir sur une mémoire de correspondance plutôt que sur une relation directe avec les plantes elle-même.

Le paganisme a aussi trop souvent été complice de l’appropriation et l’utilisation dévoyée New Age des plantes avec lesquels les Indigènes avaient une longue et profonde relation magique et cérémonial.

La sauge blanche, Salvia apiana, est un cas d’école. Basé sur une compréhension limitée et sortie de son contexte de la pratique du rituel de purification de certaines populations indigènes de ce que nous appelons maintenant la Californie du sud, beaucoup de personnes qui n’ont pas de liens direct la plante vivante la brûle pour nettoyer l’air où préparer un rituel.

http://www.sioux-venir.com/sauge_blanche_californie_ws256803.wsbo

La sur-récolte de sauge blanche pour des Smudge sticks (fagots de plantes pour produire une fumée d’encens) a décimé les populations sauvages de la plante et ont privé de cette ressource les gens dont les familles et communautés ont travaillé avec Salvia apiana pendant des milliers d’années pour maintenir leur connexion avec la plante.

http://www.larnerseeds.com/file/artemisiasuksdorfii-640wjpg © 2016 Larner Seeds

Pour sûr, la sauge blanche produit une magnifique fumée. Son odeur réveille une profonde reconnaissance dans les amygdales qui ensuite donne le signal à nos muscles de se relaxer et à notre éveil de s’ouvrir. Mais il en est de même avec l’armoise du littoral (Artemisia suskdorfii) que je vois pousser le long du port, et du cèdre de l’autre côté de ma fenêtre de chambre. Chaque paysage dans le monde contiens des plantes aromatiques dont le parfum déplace notre conscience pour une connexion vers des domaines autres qu’humains. Mais il y a une profonde différence quand je brûle des aiguilles d’un cèdre auprès duquel je me suis réfugié un après-midi d’été étouffant où une froide nuit d’hiver et quand je brûle de la sauge blanche récoltée par des revendeurs, emballée dans du plastique et envoyée à des centaines de kilomètres au nord. Il y a un genre de magie différente impliquée.

Magie végétale relationnelle

Un professeur peut transmettre la tradition d’un dieu, où partager ses propres expériences avec ce dieu, mais l’étudiant de ce professeur ne peut atteindre la connaissance de ce dieu que par ses propres moyens. Le mieux que le professeur puisse faire, est de donner son conseil sur la manière d’entretenir une relation avec la dite déité.

Ce qui est vrai des dieux l’est aussi des plantes.

Ici dans ma propre écorégion, il y a de la griffe du diable qui pousse (Oplopanax horridus). Les Salish de la cote utilisent depuis longtemps la plante en magie protectrice. Mais bien que leurs rituels, science médicale et technologie alimente ma connaissance de la plante, je ne m’engagerai pas à utiliser leurs pratiques culturelles. J’en suis venu à connaitre la griffe du diable par mes propres moyens, en lui rendant visite régulièrement, lui apportant des offrandes, des prières et la récoltant suivant les instructions que la plante m’a donné elle-même.

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Source : science.alleyhosting

image : http://science.halleyhosting.com/nature/gorge/5petal/ginseng/devil.htm

Je peux vous dire que la griffe du diable pousse où la forêt a été dérangée par une coupe, un glissement de terrain où une inondation. Elle protège les sols riches et les fleurs sauvages qui poussent en son sein car les tiges épineuses empêche les grosses créatures de les écraser et ses grandes feuilles ombragent le sol. Je peux vous dire qu’elle est si dure à arracher à la main qu’elle a empêché l’extension vers le nord des voies ferrées en Colombie britannique. Je peux vous dire que ses bourgeons verts violacés au extrémités palpitent d’une force érotique au printemps.

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image : http://science.halleyhosting.com/nature/gorge/5petal/ginseng/devil.htm

Mais vous ne connaitrez toujours pas la griffe du diable. Et la griffe du diable ne sera pas prête à vous joindre dons votre ouvrage jusqu’à ce que vous ayez établis votre propre relation. Et votre magie ne ressemblera pas à la mienne.

Martin Buber a écrit : « Par la nature des choses, on ne peut attendre d’un petit arbre transformé en bâton qu’il produise des feuilles. » De la même façon, on ne peut s’attendre d’une magie impliquant l’abus dévoyé des plantes, où le traitement des plantes comme de simples objets, de nous aider  à arrêter l’inlassable violence d’une culture qui a déclaré le monde comme une succession de ressources à l’usage de la consommation humaine. Si nous voulons engager le plantes en tant qu’alliées pour une magie révolutionnaire, nous devons les approcher comme des êtres vivants et construire avec elles une relation profonde et intime – tout comme nous le ferions avec un autre camarade dans la tourmente.

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